Comment réaliser des photos numériques avec un APN,

 le CASIO QV 4000.

 

Les APN (appareil photo numérique) peuvent être utilisé pour la photo astronomique. Dans ce petit dossier je vais résumer ma petite expérience en la matière. Mon choix s’est porté sur le CASIO QV 4000 pour tenter ce type de photos spécifiques. Pourquoi cet appareil plus qu’un autre ?

Pour plusieurs raisons :

1.        Sa résolution de 4 Méga pixels permettant des images de grandes tailles pouvant supporter les agrandissements ainsi que des impressions respectables en A4.

2.       La possibilité de reprendre tous les réglages en manuel. C’est indispensable quand on veut sortir des sentiers battus et faire de l’astrophotographie.

3.       Sa polyvalence, il réussit aussi bien les photos de famille, artistiques ainsi que la macro.

4.       Sa rapidité est satisfaisante bien que l’on trouve mieux sur le marché.

5.       Ses accessoires sont bien utiles en mode astronomie, mais en option.

6.       Son rapport qualité/prix qui le met dans le peloton de tête.

Je ne pense pas qu’il soit le plus sensible des APN loin de là, mais ses temps de pose de 60s compensent cette lacune. Les nouvelles versions de CASIO sont bridée pour éviter le bruit et ainsi réaliser des images plus douces. Ils ont gagné en qualité mais ont perdu en sensibilité.

Son mode d’alimentation est intéressant, piles alcalines ou rechargeables type AA/R6, alimentation 6V par transfo secteur ou batterie 6V. Ce dernier type d’alimentation permet de prendre des clichés astro au milieu des champs toute la nuit.

La possibilité de le piloter par télécommande filaire ou par ordinateur, réduit beaucoup le risque du bougé.

Grâce à sa connexion USB il est également possible d’exporter les images vers l’ordinateur au fur et à mesure qu’elles sont prises (bien que je n’ai pu tester cette fonction). Ainsi on peut s’affranchir du deuxième problème, le stockage.

Il possède également une fonction d’aide à la mise au point qui s’avère bien pratique, il agrandit l’image dans l’écran LCD.

On peut facilement verrouiller sa mise au point et enfin, il est équipé d’un pas de vis permettant d’y adapter des filtres ou des compléments optiques. Ce filetage offre la possibilité de monter l’appareil sur le télescope.

Bref il fallait en choisir un. Je n’ai pas la prétention d’avoir fait le bon choix, je vais seulement vous exposer ma façon de procéder avec ce modèle. A savoir qu’il n’est plus distribué, il a été remplacé par le QV5700.

Le dernier né, le QV 5700 est dans la même lignée, seul son capteur est différent puisqu’il passe à 5 Mgp.

Ce modèle 2003 est identique dans les fonctions et le maniement.

 

 Site constructeur :http://www.casio-europe.com/fr/qv/qv_4000/

 

Le QV4000 

 

Contrairement à certains de ses concurrents, Casio a opté pour une architecture classique.

 Il ressemble beaucoup à un compact. A part le cache-bornes qui donne l’accès aux connections diverses (USB ; Alimentation ; télécommande, sortie vidéo) le débutant ne sera pas surpris.

  Toute la différence réside dans l’arrière du boîtier. Là on s’aperçoit que c’est un numérique. L’écran LCD est un signe qui ne trompe pas !!!.

Je ne vais pas énumérer l’ensemble des applications, mais elles sont fonctionnelles, rapidement assimilées. Son utilisation est facilitée par une bonne ergonomie, un fonctionnement logique et une bonne notice.

  Bref, bien que complexe, il n’est pas compliqué, des débutants pourront faire de belles photos. Les exigeants ne seront pas déçus.

 

  Les quelques options indispensables qui rendent la vie plus facile à l’astrophotographe.

Le déclencheur souple qui n’est rien d’autre qu’une télécommande filaire vous évitera bien des bougés. Il est en option, le retardateur peut éventuellement le remplacer mais vous trouverez dessus quelques fonctions bien utiles.

La mise au point, le zoom, le temps d’exposition.  http://www.nomatica.com/photo/qv5700fr.htm par exemple

 
 

     

 

 

Pour commander le QV 4000 directement de votre ordinateur.

Ce câble de connexion se branche sur la prise digitale de l’APN et sur le port série de votre ordinateur. Il n’est pas évident à trouver, tous les renseignements ainsi que le programme qui commande le Casio sont sur le site de dicasoft : www.dicasoft.de.

Le nombre de fonctions s’en trouve multipliées puisque vous pourrez ainsi complètement le piloter à distance. Seule l’image de visualisation n’est pas possible du PC.

Le site étant anglophone, je ne pourrais vous donner plus de renseignements. Toutefois, son utilisation est simple.

Ce petit freeware est plein de ressource, il permet de rapatrier les photos réalisées vers l’ordinateur,

à condition d’y brancher le câble USB. Ainsi plus de problème de mémoire, votre disque stockera vos réalisations.

J’ai également utilisé la fonction « Time laps » qui m’a permis de prendre des séries d’images pendant mon absence.

 

                                                                                           

Une fois configuré le soft, le Casio se pilote facilement.

 

Soit en direct, soit en mode programmé. Pour ma part, un bug introuvable, m’empêche de transférer mes images,

 il est possible que mon informatique soit en cause.

 

Alimentations extérieures : Un adaptateur secteur ou une batterie 6V, pourront vous permettre de tenir la nuit entière. En effet dans le froid, les piles ne feront pas de « vieux os ». L’alarme batteries faibles coupera l’appareil au bout d’une vingtaine de photos. Il est possible de multiplier le nombre de piles disponibles, mais le prix de revient va augmenter sensiblement. Opter donc pour le secteur quand c’est possible, le 6V en batterie ou un petit transfo qui passera le 12V de votre automobile en 6V. Bien sûr les piles, rechargeables ou pas, sont indispensables pour la balade.

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon montage est composé du support de convertisseur Casio, d’une pièce intermédiaire  en alu faite sur mesure pour se visser sur l’adaptateur photo. J’utilise un oculaire 34mn en para-focal.

 
                                                                                                        

Une règle  pour les montages par projection oculaire, toujours réduire au maximum la distance entre l’oculaire et l’objectif. Le fait de coller les 2 lentilles réduira le vignettage. Pour ce faire je règle le problème de manière suivante : Je suis certain que l’objectif complètement sorti ne touche pas l’oculaire, si ce n’est pas le cas arrêtez, le Casio se mettra en sécurité lors des mises en route.

Je mets sur ON et je passe en zoom optique au max.., c’est la position maximum sortie de l’objectif. Ensuite délicatement, je desserre l’oculaire en penchant doucement l’ensemble pour qu’il vienne en butée, je resserre. Ainsi l’espacement est réglé définitivement

Ce montage n’est pas le seul possible puisque dans un précédent dossier j’ai utilisé l’adaptateur universel (http://aav.free.fr/dossier/dossiers_c.htm).

 

Prise en main et photographie .

 

Une fois votre appareil monté sur votre lunette ou télescope, il vous reste la prise de vue. Il ne faut pas oublier que vos images ainsi réalisées seront inversées, l’APN remplace votre œil et vous devrez les redresser pour coller à la réalité.

Votre adaptateur installé vous n’aurez aucun problème à finir le montage, toutefois n’oubliez pas de rééquilibrer votre monture pour compenser la masse de l’APN.

Ensuite déposez tout pour trouver plus facilement l’objet à photographier.

Pointez l’objet au chercheur puis dans un oculaire. Serrez les freins et lancez la motorisation s’il y a.

Il vous faut maintenant dégrossir la mise au point, utilisez pour cela un oculaire ayant la même focale que votre adaptateur (+oculaire bien sûr). Si ce n’est pas possible mettez au point avec l’ensemble mais avant de monter l’appareil dessus.

Une astuce importante, qui vous sauvera certainement des mauvaises manipulations, enroulez la dragonne de l’appareil autour du chercheur. Un serrage un peu faible et on ramasse les morceaux par terre.

 

Montage sur une FS60

 

On va dire que tout s’est parfaitement passé et lors de la mise en route votre objet est visible dans l’écran LCD.

Recentrez pour que l’image occupe le milieu de l’écran.

Que voit on ? Un vignettage important qui réduit considérablement la photo, en effet même si les 2 optiques sont collées il existe toujours. Pour le réduire il faudra augmenter le zoom.

Sans zoom, vignettage important malgré l’oculaire de courte focale.

Augmentez le zoom pour éliminer la partie noire et passez tous les réglages possibles en manuel.

Pour ma part, je le règle ainsi : 

            En manuel pour l’exposition, c’est important d’avoir la main pour faire différents essais. On va vite s’apercevoir que l’écran est optimiste, il surexpose les photos et ainsi on se retrouvera avec des images trop sombres. L’ouverture de 2 étant synonyme du max. de lumière, on restera ainsi réglé.

La mise au point réglée sur l’infini, cela verrouille l’autofocus qui peut induire du flou.

La résolution maximum, à vous de choisir.

Flash désactivé indispensable.

Le retardateur à 2s ou la télécommande ou le câble PC pour éviter le bougé. Pour la dernière option il faudra passer l’exposition en mode BULB.

Les autres réglages, saturation, filtres en tous genres, seront suivant les goûts ou les conditions.

 

Plus de vignettage en augmentant le zoom 

La mise au point, le plus délicat à cause de la taille ridicule de l’image restituée. Des solutions, pousser le zoom à fond (numérique compris), utiliser la fonction « augmentation du foyer » du Casio et une loupe.

La solution parfaite étant de rapatrier les différents essais au fur et à mesure sur l’ordinateur, les contrôler et ainsi étalonner la mise au point avec une position de zoom et un oculaire spécifique. C’est fastidieux mais plus rapide et plus sûr ensuite. Quoiqu’il en soit il faut augmenter la résolution d’un détail pour s’assurer qu’il est net.

Maintenant que tout est réglé, la photo peut commencer. Je fait systématiquement plusieurs temps de pose. Ensuite j’importe ces images dans le PC pour contrôler la mise au point et l’exposition. Le soft livré avec le Casio est bien pour cela car il donne toutes les informations des prises de vue. Maintenant, ma mise au point et mon exposition sont calibrées et sauf changement d’objet ou de condition atmosphérique, les images seront semblables.

N’hésitez pas à multiplier les clichés, la pellicule est gratuite. Vous pourrez ainsi vous essayer au compositage.

Vous remarquerez que la mémoire ne se remplit pas très vite. Pas de panique c’est la compression en JPG qui fait son travail, comprimer du noir économise ainsi de l’espace. Il m’est arrivé de mettre 200 images au lieu de 70.

La version soft, sans PC pour plus de mobilité et plus de simplicité. C’est le montage utilisé lors des sorties éclairs.

 Pas de PC, la télécommande, des piles rechargeables ou une batterie.

 

Quelques images APN grandes focales :

le 14.07.2002

 

le pole nord lunaire le 23.08.2002  Casio+34mm+ETX125

 

Pour le planétaire

Avec un oculaire de 34mm et ce même derrière un instrument de grande focale (2000mm), votre planète sera minuscule. Il y a la possibilité du zoom numérique mais je le déconseille car de mauvaise qualité. Il faut maintenant passer à des focales plus importantes.

J’utilise un 7mm Nagler qui remplace le 34 dans le télé-extendeur de Meade. On multiplie la taille de la planète mais également les difficultés.

 La mise au point est vraiment délicate et là il faut faire plusieurs essais pour la contrôler. De plus le vignettage que l’on avait réussi à faire disparaître précédemment sera maintenant persistant.

Il faudra donc peaufiner la mise en station  ainsi que le pointage pour que l’objet reste bien visible au centre.

Une fois que les essais seront concluants, faites un maximum d’images. En planétaire, le traitement est indispensable. En superposant un grand nombre d’images du même objet, on arrive à améliorer sensiblement la qualité.

Pour le traitement des images planétaires pas beaucoup de changements par rapport à celui des webcam, exposé dans un précédent dossier(Tome 2). Il faudra transformer les fichiers JPG en BMP pour les logiciels et recadrer sur l’objet pour réduire son poids. Je ne suis pas sûr que les PC apprécient de compositer 200 images de 10 Mégaoctets.

 

        Exemples, Saturne avec un ETX 125 + Nagler de 7mm

                                    

 Image brute, les conditions étaient très favorables         Compositage de 30 images dans Régistax

Exemple sur Jupiter avec les réglages correspondants

Les conditions très mauvaises m’ont empêché de traiter plus d’images. On arrive à observer quelques détails comme les bandes.

   

Le ciel profond ou lointain

Le thème est tout autre,  il faut maintenant réaliser de longues poses sur des parties du ciel plus ou moins  grandes pour photographier des objets presque invisibles. Le souci étant de mettre quelque chose dans le capteur de votre appareil, il est préférable de contrôler visuellement avant de vous lancer.

J’opère ainsi :      Je fait ma mise au point comme précédemment sur une planète ou une étoile brillante, la lune peut aider mais sera imparfaite.

                            Je contrôle mes images sur le PC, ma mise au point est calibrée, je n’y touche plus ensuite.

                            Je dépose mon ensemble (adaptateur + oculaire de 34mm + APN) qui était parfaitement en butée dans le porte oculaire de mon instrument.

                            Je glisse maintenant un oculaire et sans modifier la mise au point, je le serre lorsque l’image est nette.

                            Je pointe mon instrument sur l’objet sélectionné puis je le centre parfaitement. Serrage et moteur sont OK.

                            Je repositionne mon ensemble de prise de vue dans mon instrument.

                            Je règle le Casio sur 30 secondes de  poses avec un zoom intermédiaire pour avoir plus de champ possible.

                            Je contrôle s’il y a, si non j’augmente le temps de pose et recontrôle ensuite.

Généralement si la mise en station est bonne, que l’ensemble des opérations sont correctes et que l’objet n’a pas une magnitude de 10, vous pourrez espérer apercevoir quelque chose.

C’est vrai que ça fait beaucoup de si mais la facilité n’est pas de mise en ciel profond.

Les objets « brillants » seront accessibles sans trop de traitement (compositage), les autres plus durs ,voir très durs …

La fonction longue pose, au delà de 1s, impose de multiplier par 2 le temps de pose. Le Casio intègre une fonction de réduction du bruit, il prend votre photo puis une seconde avec l’obturateur fermé et il va les soustraire pour éliminer les parasites du capteur. C’est aussi pour cette raison que votre mise en station doit être bonne, pendant 2 minutes, vous perdez de vue votre objet.

La photo d’objet diffus se fait souvent en « aveugle » pour commencer, prenez des objets faciles.

Le traitement reste inchangé recadrage, conversion en BMP et compositage dans Régistax.

  Exemples avec M42 et la Lyre, 2 Messier brillants et faciles à trouver. Réalisée avec un télescope 200/2000 pour la Lyre et une petite lunette apo 70/400 pour Orion

 

                                                              

     M42 compositage de 5 images de 60s                                                                 La lyre compositage de 8 images de 60 s

Voilà mon expérience de la photo numérique avec cet appareil. Ces méthodes ne sont pas figées, elles évolueront . J’espère qu’elles vous auront aidés dans cette nouvelle approche.

 

 

En résumé, l’APN commence à sortir son épingle du jeu par rapport aux autres (argentique, CCD et webcam) mais il lui reste du chemin à parcourir. C’est néanmoins un appareil polyvalent, qui tend à se démocratiser. Il fait de tout à un prix raisonnable. Enfin son gros avantage, lui il peut également faire de très belles photos de vacances.

 

Le bonus : Quelques photos numériques en «vrac»

 

          

 

              

Christel & Fabrice NOËL

Décembre 2002-12-21